La quatrième de couverture revendique l’inspiration de La horde du Contrevent et ce roman en reprend effectivement le modèle : un monde plus ou moins impossible – ici une île isolée et quasiment inhabitable, couverte de ruines, au port empli d’épaves, habitée par une population divisée en deux catégories, les Rocheux qui habitent le centre de l’île et obéissent à la Garde, un envahisseur dont on ignore l’origine qui les force à extraire des profondeurs l’eau nécessaire à la vie de tous, et les Rocailleux qui survivent en ramassant dans les ruines des objets divers qu’ils échangent contre de la nourriture. Chaque semaine, la Cérémonie accompagne le départ d’un train vers la supposée Capitale, un paradis auquel sont envoyés chaque semaine cinq Rocheux méritants. Parmi les Rocailleux, il y a Dael, l’artisan, qui régulièrement essaie d’éveiller les Rocheux par ses créations artistiques, sa fille Loo qui construit des maquettes de bateaux et rêve de partir à la Capitale, et la fouisseuse, qui plonge pour retrouver au fond de l’Océan les matériaux qu’utilisera Dael et attend des nouvelles de Lev, son ami, envoyé à la Capitale, d’où personne ne revient. Bien avant les personnages, le lecteur comprend l’arnaque de ces « départs vers la Capitale » et des images de paradis que présentent les écrans installés par le Garde.
C’est l’arrivée, venant on ne saura pas d’où, de Sol, un pianiste, qui va déclencher les actions de Sol, de Loo, de la fouisseuse et la recherche de la vérité, que Sol découvrira à la fin du livre, racontée par un Gardien…
Il y a, dans les monologues qui se mélangent des quatre personnages, un certain nombre de termes ou de réflexions qu’il semble impossible que les personnages de ce monde dystopique puissent formuler, mais aussi quelques images intéressantes, voire merveilleuses. Et une fin ambiguë.
La Roche, par Martin Lichtenberg, Pocket n°7388, 2025, 410 p., couverture de Julien Ropp, cat. 10, ISBN 978-2-266-34576-7