Les éditions Au Diable Vauvert nous offrent ici un de ces romans majestueux comme ils en ont le secret. L’auteur, maître du nature writing, éleveur de bisons, professeur en écologie, connaît bien la région pour y vivre.
Jason, professeur au Colorado, est brutalement rattrapé par son passé lorsque le médecin de famille lui conseille de revenir au plus vite pour assister aux derniers jours de sa mère atteinte d’un cancer. De retour sur place, il retrouve sa sœur mariée à un ami d’enfance et mère d’une adolescente en rupture complète de communication, son père qui n’accepte pas d’avoir quitté la ferme familiale et qui s’échappe chaque matin du domicile de sa fille et son gendre pour regagner la vieille demeure qui part en ruines, et sa mère, condamnée à observer la nature qu’elle chérissait tant par la fenêtre de sa chambre. Cette mère qui est le pilier, celle qui lui a appris tout ce qu’il sait, celle grâce à qui il est devenu ce qu’il est aujourd’hui. À travers cette femme qui s’éteint peu à peu, c’est le Dakota que Jason a connu qui disparait, le Dakota des vastes plaines et des bois remplis d’animaux, remplacés par des dizaines de puits de pétrole d’où s’échappent jour et nuit des odeurs qui étouffent l’odorat et des flammèches qui torturent l’obscurité.
Dans ce roman lent, aux sentiments pudiques, Dan O’Brien raconte un pan d’histoire qui disparaît dans l’évidence et la nostalgie. Après le décès de la mère, rien ne sera plus comme avant, la ferme elle-même finira par appartenir au passé. Et Jason comprendra que plus rien ne le rattache ici.
Adieu Dakota est un récit poignant, entre une Rivière du sixième jour de Norman McLean et Le soleil se lève aussi d’Ernest Hemingway, une œuvre entre classique et flamboyance qui est un de mes coups de cœur indiscutables de cette année 2025.
Je remercie infiniment les éditions Au Diable Vauvert pour leur confiance renouvelée.
Dan O’Brien – Adieu Dakota – Traduction Laura Derajinski – Éditions Au Diable Vauvert – mai 2025 – 23,50€ – ISBN 979-10-307-0658-1