Rome, de nos jours. Immortel et séparé de Jésus depuis quelque deux mille ans, Judas trouve enfin une raison de sortir de sa léthargie : réaliser une ancienne prophétie. Après la découverte d’un évangile apocryphe écrit par Satan lui-même, il part à la recherche des trente deniers payés par les Romains pour la dénonciation de son amant, fort de la promesse que cela lui permettra de le retrouver dans l’au-delà. Alors, le monde saura qu’il n’était pas le traître dépeint par tous. Accompagné d’une partie des apôtres, combattu par les autres, aidé par Marie de Magdala et Lazare, sa quête aux accents de thriller religieux le bringuebale des sphères huppées de Wall Street aux basfonds de Londres, du tombeau maltais de Jean de Valette au Vatican à la botte d’un Pierre, qui n’a de saint que le nom. Philippe Battaglia peint, dans un esprit résolument punk, une galerie de personnages et d’histoires au cœur de notre imaginaire collectif. Drôle et érudite à la manière de Terry Pratchett, cette apocalypse survitaminée bouscule notre vision des apôtres. Après tout, la Bible, c`est de la pop-culture.
JUBILATOIRE ! C’est court mais efficace.
J’ai adoré ce bousculement de tous les dogmes : Dieu le Père qui n’accepte pas l’homosexualité de Jésus et qui oblige son amant, Judas, à le trahir. Qui pour se venger, alors que Jésus est revenu vers lui, « offre » l’immortalité aux apôtres – ainsi Judas ne pourra jamais rejoindre Jésus !
Jésus s’est sacrifié par amour pour l’humanité, et tu devras sacrifier l’humanité par amour pour Jésus. C’est là ta dernière tentation.
De là tout dérape, pour notre plus grand plaisir : Judas passe 2000 ans à se suicider – en vain – pour retrouver Jésus, Pierre est le seul « pape » qui domine le Vatican derrière des hommes de paille (je vous donne en mille le nom du pape, sachant que le livre est publié en février 2025 : Léon XIV !).
Les apôtres sont divisés en deux : ceux qui deviennent le bras armé de Pierre, monstres assoiffés de sang, et ceux qui mènent leur vie.
Puis il y a Jackie… et là je laisse le suspense.
L’action commence quand Judas accepte de voler un objet au Vatican, objet qui se révèle support d’un enregistrement de l’évangile de Satan – je rappelle que Satan était un ange avant d’être chassé en enfer. Judas, ou Monsieur J, qui fait peu usage de ses capacités de miracles, contacte les apôtres qui acceptent d’écouter cet enregistrement où la Vérité sur sa « trahison » éclate. Aidé aussi de la plus vieille « pute » du monde et de Lazarre, on suit Judas dans la quêtes des 30 pièces qui pourraient changer le monde.
Mais on n’est pas au bout de notre peine, car Pierre est hors de lui.
Documenté mais iconoclaste, provocant à souhait, blasphématoire et jouissif, burlesque et sérieux, on découvre dans quelques chapitres entrecalés dans l’action, tout l’amour « inacceptable » qui unit J. et J.
Une ode à la différence qui va faire grincer les dents des coincés du L.U.C mais tellement rafraichissant.
En tout cas, moi j’ai passé un très bon moment !
La dernière tentation de Judas par Philippe Battaglia, L’Atalante