Qu’un sang impur, de Michaël Mention

Matt, jeune père de famille, savoure une bière en terrasse à Paris, quand se produit un étrange phénomène : toutes les feuilles des arbres tombent instantanément, avant qu’une onde de choc surpuissante ébranle la capitale. Attentat ? Séisme ? Explosion nucléaire ? À la suite d’un mouvement de panique sans précédent, et en l’absence d’informations, le président décide de confiner les habitants. Matt, Clem et leur fils de quatre ans se retrouvent prisonniers de leur immeuble en banlieue et tentent d’organiser le quotidien avec leurs voisins. Jusqu’à ce qu’une terrifiante épidémie gangrène la population…

Entre solidarité, lâcheté et sacrifice, jusqu’où Matt et Clem iront-ils pour survivre et protéger leur fils ?

Direct, électrique, percutant : Qu’un sang impur m’a mise KO dès les premières pages. L’apocalypse survient sans prévenir dans un Paris post-confinement : une onde terrifiante, des feuilles qui tombent, la panique s’installe, et bam : l’enfer s’abat. Cette entrée en matière, digne d’un uppercut, donne le ton et ne nous lâche plus.

On se retrouve rapidement cloîtrés dans un immeuble banlieusard, avec une micro-société en huis-clos : un couple et leur fils, un écrivain en galère, des retraités, une famille immigrée… Une drôle de mini-nation en crise. Mention dissèque ici le vivre-ensemble, avec une acuité politique impitoyable : tous – institutions, citoyens, médias, gouvernants – en prennent pour leur grade. La société est exposée, mise à nu, et chaque personnage incarne un pan de notre monde fracturé.

Ce que j’ai adoré :

  • L’écriture nerveuse, haletante, syncopée ; Mention martèle les phrases comme des balles et le rythme épouse la tension de l’effondrement.
  • L’apocalypse comme prétexte, jamais comme fin en soi : elle permet de dégoupiller l’ironie sociale, les piques politiques, la dénonciation du capitalisme, des institutions, de l’humanité en crise .
  • L’humour noir et l’irrévérence : la satire politique fusille tout le monde, y compris les citoyens et les dirigeants, et c’est jubilatoire.

Un uppercut, certes, mais qui libère : on ressort marqué, secoué, mais encore plus curieux de ce que Mention peut encore inventer. Ce n’est pas mon premier de ses romans : qu’il s’attaque au polar, au western ou au thriller social, il ne rate jamais la cible. Il parvient toujours à me captiver quel que soit le genre.

Brillant !

Qu’un sang impur de Michaël Mention, Belfond Noir, ISBN 978-2714404619, Prix 20

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