Lorsqu’un individu peint sur une façade de Bruxelles une gigantesque fresque représentant un sexe d’homme, forcément, ça fait jaser, entre les défendeurs de la libre expression et ceux du bon goût. Les autorités sont bien ennuyées : doit-on l’effacer ou pas ? Peu de temps après, un étudiant atrocement mutilé est retrouvé. Son agresseur l’a drogué avant de lui trancher le sexe. Peu après l’apparition d’une nouvelle fresque très connotée également, c’est une jeune fille cette fois qui fait les frais d’un viol sadique. Quel lien peut-il y avoir entre les victimes, en dehors de la drogue ? C’est à cette cruciale question que l’inspecteur Karel Jacobs doit répondre au plus vite, assisté de son jeune et enthousiaste collègue, mais aussi par un jeune flic mis sur la touche à la suite d’une blessure l’handicapant et spécialiste du street art, et de la jeune fille prête à tout pour les aider. Car le temps presse, bientôt une nouvelle fresque apparaît…
J’ai eu l’occasion de découvrir Clarence Pitz dans un autre opus, Meurs mon ange, roman noir qui emmenait le lecteur de l’Europe jusqu’en Asie sur la piste de meurtriers décapitant leurs victimes. Ici, point de voyage exotique, mais une exploration de la capitale Belge que l’auteure connait comme sa poche, au point d’en faire un élément, un personnage presque à part entière. Au milieu de ses rues touristiques ou de ses quartiers mal famés, à partir de fresques existant réellement, Clarence Pitz balade son lecteur et son équipe de policiers sur la piste d’un grapheur doué et plutôt sportif et d’un agresseur pervers et retors, en laissant le suspense durer. Si l’on se doute bien qu’il y a un lien entre les peintures et les agressions, celui-ci se révèle en définitive assez inattendu pour nous surprendre.
Il est difficile aujourd’hui d’écrire un roman policier sans tomber dans un certain nombre de clichés, pas nécessairement péjoratifs. Parce que si l’on réfléchit bien, une enquête policière menée par une équipe reste une enquête, quel que soit l’endroit où elle se déroule. L’auteure ici parvient à éviter les plus classiques et à nous offrir un roman violent et parfois dérangeant, je dirais presque malsain dans certains rapports humains.
Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.
Clarence Pitz – Ineffaçables – Éditions Folio – mars 2025, 10,50€ – ISBN 2073035809