Malaven, d’Olivier Bal

Olivier Bal : de journaliste à maestro du thriller
Olivier Bal, né le 16 janvier 1979 à Paris, a d’abord œuvré avec passion dans le journalisme, notamment comme rédacteur en chef de Jeux Vidéo Magazine jusqu’en 2017. Depuis, il se consacre totalement à l’écriture. Ses débuts furent fulgurants avec Les limbes, primé dès son auto-édition (Prix Méditerranée Polar 2018, Prix Découverte des Géants du Polar) avant d’être édité chez De Saxus. Suivirent plusieurs thrillers marquants : la trilogie Paul Green (L’affaire Clara Miller, La forêt des disparus, Méfiez-vous des anges), puis Roches de sang (2023), La meute (2024) – ce dernier explorant les groupuscules identitaires.

Avec Malaven, paru le 24 avril 2025 chez XO Éditions, Olivier Bal semble fermer un chapitre de sa carrière tout en y rassemblant ce qu’il a de plus personnel.

À quel point l’île de Malaven t’enseigne brutalement que la Bretagne n’est pas toujours une carte postale sucrée.

Pitch express, sans spoiler
Sur cette île fictive baptisée Malaven, quatre individus sont convoqués par Jonas Waverley, un écrivain mystérieux, sur un territoire abandonné et isolé. Très vite, le piège se referme : un tueur rôde, et pour y survivre, chacun doit retrouver la mémoire – chacun détient un fragment du puzzle effrayant que fut leur groupe d’amis en 1987. Ils n’ont qu’une nuit pour dénouer l’énigme… et s’en sortir.

Les chapitres alternent entre 1987, où la « bande des Confins » vit ses derniers instants d’insouciance, et 2007, où les adultes, émiet­tés, sont à nouveau attirés sur l’île. Une tempête, une île morcelée entre minéral et végétal, des souvenirs enfouis et cette atmosphère oppressante… L’effet huis clos à ciel ouvert typiquement baléen est garanti.

La petite chronique ludico-polaire
Voici mon ressenti – sans crier « coup de cœur » à tout-va, mais avec un enthousiasme bien réel.

Les points forts

  • Une île-personnage : Bal ne se contente pas de décrire : il façonne Malaven comme un lieu vivant, avec une topographie, une faune, une flore et des traditions entièrement pensées selon ses repérages (Belle-Île, Ouessant, Molène…) Évidemment, l’impact sur l’ambiance est monumental.
  • Une immersion totale : Le lecteur n’est pas qu’un simple spectateur : il est convié à enquêter, à reculer dans le texte, à se méfier. Olivier Bal joue avec nous, et ça marche.
  • La mémoire comme fil dramatique : Nostalgie des années 1980, amitié adolescentine, traces indélébiles du temps : Bal puise dans ses souvenirs, assumant enfin ce qu’il traverse au fil de ses écrits.
  • Le rythme oppressant : Entre les retours en arrière, la tension qui monte crescendo et la confusion voulue, l’atmosphère devient suffocante – de façon délicieusement malsaine.

Quelques réserves (mais on garde le sourire)

Certains lecteurs relèvent que le final traîne un peu ou peut sembler un poil long développé.
L’esprit escape game, bien que captivant, peut ne pas coller à tout le monde. C’est un roman qui divise, soit on s’y plonge avec jubilation, soit l’on peut se sentir à côté du verbe.

Verdict (avec un soupçon de sarcasme bien assumé)

Malaven est un thriller qui vous attrape dès l’« accostez pour Malaven… » de la quatrième de couverture et ne vous lâche plus. Tu sens l’air humide, la peur latente, les souvenirs qui reviennent en gouttes glacées, et ces secrets enfouis qui grattent à la conscience.

L’écriture est fluide, implacable, immersive – Bal t’offre son héritage littéraire, sa Bretagne intérieure, ses obsessions (et pas qu’un peu), sans pédaler dans la lune. Certes, ce n’est pas un feel-good hivernal au coin du feu, mais un voyage hypnotisant sous la pluie et le tonnerre d’ici.

Si je devais le recommander (avec un clin d’œil) :

  • Pour ceux qui aiment se perdre dans l’âme d’une île sombre.
  • Pour les fans de thrillers psychologiques et de huis clos à ciel ouvert.
  • Pour ceux qui ont envie d’une lecture qui fait frissonner, pas juste sourire.

Bref, Malaven : quand ton thriller te fait déménager en Bretagne. Et tu en redemandes.

Alors, prêt·e à embarquer pour Malaven ?

Olivier Bal : Malaven, Editions XO

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