Avec la permission de Gandhi, d’Abir Mukherjee

Imaginez un enquêteur qui sous des dehors un peu rudes, est l’exemple de l’efficacité et qui attire la sympathie du lecteur. Adjoignez-lui un « sidekick » comme disent les Américains. Les exemples dans la littérature actuelle existent déjà, je pense notamment à Harry Bosch. Maintenant, imaginez Bosch non pas en 2025 à Los Angeles, mais en Inde au début du XX° siècle, juste après la Première Guerre mondiale. Vous obtenez les aventures du capitaine Sam Wyndham et du sergent Sat Banerjee. Comparaison audacieuse ? Peut-être. Mais, comme Michael Connelly, Abir Mukherjee a l’art consommé de mener des intrigues complexes qui ne trouvent leur explication qu’en toute fin du récit. 

Nous sommes en 1921. Gandhi et ses partisans veulent obtenir l’indépendance de l’Inde et le renvoi de l’Empire britannique, au moment où l’héritier de la couronne a prévu une visite à Calcutta. C’est dans ce contexte que Wyndham, toujours en proie aux démons de l’opium, échappe de justesse à une descente de police dans une fumerie infâme où il s’est rendu. Au passage, il découvre le corps d’un homme, les yeux arrachés et deux importantes plaies par couteau au thorax. Il ne peut s’attarder ni enquêter comme il le souhaiterait, la section H du colonel Dawson, le contre-espionnage local, a pris l’affaire en mains. Quelques jours plus tard cependant, il est appelé sur un autre meurtre, une infirmière, présentant les mêmes stigmates. La coïncidence parait énorme. Talonné par Dawson, sommé par son supérieur de gérer un des bras droits de Gandhi qui menace le bon déroulement de la visite princière (et de surcroit un ami de la famille de Banerjee), Wyndham sait qu’il risque sa carrière pour découvrir le rapport entre les morts.

Même si chaque roman peut être lu indépendamment des autres, je ne saurais que trop conseiller de les lire dans l’ordre de parution. En effet, Avec la permission de Gandhi termine là où commence Le soleil rouge de l’Assam, que j’ai eu l’occasion de lire bien avant. Rien de fâcheux mais pour le bon déroulement de certains évènements, cela reste préférable. Une fois de plus, l’auteur nous régale d’une enquête étonnante, puisant ses racines jusque dans le conflit mondial et ses armes de destruction. Un plaisir de lecture renouvelé pour un roman policier qui sort volontiers des classiques.

Abir Mukherjee – Avec la permission de Gandhi – traduction de Fanchita Gonzalez Batlle – Éditions Folio, janvier 2023, 9,50€ – ISBN 978-2-07-293937-2

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