Rouges illusions
De l’Amérique à l’URSS
Jeune juif russe, Alexander Til a fui avec sa famille les pogroms en Russie pour grandir à New York où il est devenu ami avec Leon. Autant Leon est proche du mouvement sioniste, autant « Zander » s’engage auprès des Bolcheviks et gravite autour des proches de Trotski. Il repart donc en Russie lorsque la Révolution de 1917 commence. Arrivé à Petrograd, il s’engage dans le parti, connaît Lénine, Trotski mais aussi Staline dont il sauve la femme. Zander voit les débuts de la Révolution avec Lili Oussoupova, une aristocrate dont le frère a tué Raspoutine. Lui et Lili sont fous amoureux l’un de l’autre et croient dans la Révolution. Mais c’est bientôt le temps de la Terreur rouge et de la guerre civile qui met à mal leur idéalisme. Envoyée à Ekaterinbourg, Lili tente de sauver la famille tsariste de l’exécution et le paie de sa vie, laissant Zander seul… Il tient cependant sa promesse et, la guerre civile terminée, élève la fille de Lili mais c’est le temps des purges et il est arrêté : la Révolution ne libère pas l’homme, elle le dévore.
Un roman marquant
Ancien journaliste, auteur de La déception d’A.J. Lewinter, traduit par l’immense Jean-Patrick Manchette, et de La compagnie (Buchet, 2003), roman documenté sur les agissements de la CIA, Robert Littell est devenu une valeur sûre du roman d’espionnage et du roman noir, passionné par la Russie. Il était donc normal qu’il écrive un jour sur la Révolution russe. Requiem pour une Révolution se lit comme une tragédie en tout cas. On se passionne à lire les péripéties d’Alexander Til, vrai idéaliste broyé par le cynisme de ses compagnons. Le portrait de Staline qui s’esquisse dans ses pages se révèle glaçant. Excellent roman historique en tout cas.
Robert Littell, Requiem pour une révolution, traduit de l’anglais par Julien Deleuze, J’ai lu, ISBN 9782290412459, octobre 2024, 702 pages, 9,20 euros