Deux flics de la BAC, Rocco le plus ancien, et Lazar le plus jeune. En charge des quartiers les plus mal famés de la cité. De jour comme de nuit, ils zonent, débarquent, fourrent leurs nez où il faut, juste quand il faut. Ils assurent une certaine forme de sécurité des grands ensembles, royaume de la drogue que se partagent les différents dealers, africains, arabes. Un service contre un autre. Car oui, Rocco et Lazar sont des ripoux qui en croquent. Ils savent qu’ils jouent avec le feu, mais ils ne peuvent pas s’en empêcher, c’est plus fort qu’eux. Jusqu’au jour où au détour d’une descente nocturne dans un immeuble squatté, ils tombent sur un os. Ou plutôt un type qui les mitraille avant qu’ils ne le buttent. Et là, ils découvrent le cadeau surprise : un sac bourré de fric. Le temps de le planquer avant que les collègues ne rappliquent, et quand ils reviennent, le sac a disparu. Pas les emmerdes…
Si vous avez aimé La haine, oubliez. Lazar, c’est du vitriol qui ferait passer le film de Kassovitz pour un aimable divertissement. Un polar nu, brut et brutal, sans artifice ! Ça pue l’hormone mâle, la peur et la colère, la poudre, la dope, la crasse et la pisse des squats. Un livre qu’il est difficile de lâcher, chaque page vous colle aux doigts, vous saute à la gorge. Deux flics sous acide qui cognent d’abord et parlent ensuite. Sitôt son snif dans les narines, Rocco se transforme en démon vomi de l’Enfer, prêt à tous les risques, s’asseyant joyeusement sur les règles et les devoirs de flic. Il sait qu’il a l’IGPN aux fesses mais il se croit protégé par les caïds du secteur, alors il fonce. Derrière lui, Lazar tente de raccrocher aux wagons, même si une part de lui-même sent qu’il faut tout laisser tomber avant qu’il ne soit trop tard. Et puis, il a cette histoire d’amour avec la « belle » Tabatha, un travesti en fait, mais par qui il se sent attiré…
Roman hallucinant et halluciné sur une banlieue à la dérive, violente, avec ses propres règles, et ses flics au-dessus des lois, Lazar est un uppercut littéraire dont on sort forcément groggy. Et une confirmation pour moi : Jérémy Bouquin est un grand auteur.
Je remercie Masse critique pour m’avoir permis cette découverte et les Éditions Kubik pour ce livre.
Jérémy Bouquin – Lazar – Éditions Kubik Outrenoir – avril 2025, 18,50 € – ISBN 978-2-35083-114-5