Les assassins de R.J. Ellory

Ray Irving, policier au NYPD, est un flic désabusé, solitaire, replié sur lui-même depuis la mort de sa compagne. Il n’a rien en dehors de son métier, pas d’amis, peu de contacts. Lorsqu’il est appelé sur la scène du crime d’une jeune fille, il est loin de se douter qu’elle est la première d’une longue liste. Quatre meurtres, quatre endroits, quatre modus operandi différents… qui pourrait soupçonner en effet un tueur en série ? Personne, sauf John Costello. Documentaliste au City Herald, Costello est un être à part, dans sa bulle, pétri de règles et de principes qui régissent son existence, à la limite d’un trouble du spectre autistique. Il est surtout incollable sur tous les meurtres commis par les tueurs en série depuis de nombreuses années, d’une précision chirurgicale lorsqu’il s’agit de citer une victime, son nom et la date de sa mort, mais aussi le nom de l’assassin et la méthode employée. Et lui a compris très vite qu’un meurtrier sévit dans New York et qu’il s’est fixé pour but de reproduire à l’identique les faits sordides de ses prédécesseurs. Et il a surtout un passé : il a été victime d’un serial killer auquel il a réchappé par miracle. Une course contre la montre commence avec un individu qui se veut plus intelligent que les autres…

Commencer l’année par un roman de R.J. Ellory, tout ancien qu’il soit (il est sorti en 2015) c’est un peu comme prolonger les gourmandises de Noël. Cet ouvrage, comme les autres de l’auteur que j’ai lus jusqu’à présent, est une petite merveille de mécanique. On pourra me reprocher d’être partial, puisque j’adore Ellory, mais le fait est que cette histoire est de loin la meilleure que j’ai pu lire depuis Seul le silence. C’est dire que chaque nouveau ouvrage apporte son lot d’exaltation. Ellory ne se contente pas de raconter une histoire, au demeurant très fouillée et documentée, il fait vivre ses personnages : Ray Irving d’abord, le policier solitaire et qui cache son mal de vivre dans son acharnement au travail ; Karen Langley, la journaliste opiniâtre dont l’assurance de façade vole en éclats devant les meurtres qui se multiplient ; et surtout, John Costello, pauvre gars dont l’avenir a été bouleversé par la mort brutale de son amie, touchant de complexité et de simplicité tout à la fois. Un homme qui s’excuse presque d’avoir raison lorsqu’il trouve les points communs entre un crime récent et un ancien. L’enchaînement méthodique des meurtres trouve son apogée dans un final tendu, prévisible bien après la lecture mais bluffant.

Ne vous arrêtez pas sur la couverture bien moche qui ne rend pas justice à ce récit, ni sur la traduction du titre ratée pour moi. R.J. Ellory l’a intitulé The Anniversary Man, bien plus approprié. Pourquoi, alors que ce terme revient à plusieurs reprises dans le livre, n’a-t-on pas jugé utile de l’appeler Le commémorateur ? Ça aurait eu tout de suite plus de gueule, non ? Mais Roger Ellory est un conteur hors pair et cet opus ne fait que confirmer tout le bien que je pense de lui, déjà comme personne, mais aussi comme auteur.

R.J. Ellory – Les assassins – traduit par Clément BaudeÉditions Sonatine, 2015

Laisser un commentaire