Qu’il mette en scène son personnage fétiche, Harry Hole, ou qu’il dépeigne une drame sociétal comme dans Leur domaine, Jo Nesbø est sans aucun conteste un maître norvégien du très noir. J’étais donc curieux de découvrir ce Rat Island, recueil de cinq nouvelles, afin de lire comment l’auteur pouvait s’en tirer sur un format court. C’est qu’en général, il installe progressivement la tension et le malaise chez ses lecteurs, chose qu’une nouvelle ne permet guère.
Et là, première surprise, il ne s’agit pas à proprement parler de polar noir ou de thriller classique pour certaines. L’antidote est un bien une sombre histoire où un fils criblé de dettes rend visite à son père qui dirige une ferme de serpents. Le cavalier noir, un récit de conflit entre deux très grands tueurs professionnels, dont un exerce la profession de psychologue.
Les trois premières par contre, flirtent avec le côté fantastique, voire dystopique. Rat Island décrit ainsi un monde en ruines où les survivants tentent de fuir la ville infestée de bandes de motards, dans une atmosphère très carpentierienne de New York 1997. La déchiqueteuse met en scène un scientifique qui découvre la solution de la vie éternelle, sous forme d’injections qui ne sont pas sans effets secondaires, et qui se demande ce qu’il doit faire de sa découverte et si le monde est prêt à la recevoir. Enfin, Les cigales, une histoire d’amour entre une jeune femme sauvée de la noyade et deux amis, dans un univers de mondes parallèles..
Une nouvelle fois, l’auteur surprend. Ces cinq nouvelles sont de véritables bijoux. Une facette de Jo Nesbø que je découvre, et j’invite les lecteurs à s’y intéresser.
Je remercie une nouvelle fois les éditions Folio pour leur confiance.
Jo Nesbø – Rat Island – Éditions Folio – Traduction de Céline Roman-Monnier – septembre 2025 – ISBN 978-2-07-312650-4