La disparition d’Hervé Snout, d’Olivier Bordaçarre

Odile Snout s’affaire dans la cuisine de son pavillon cossu. Le boeuf bourguignon qui a mijoté toute la journée est prêt. Avec ses deux adolescents, elle attend son époux, dont on fête ce soir-là l’anniversaire. Les heures passent et Hervé ne se montre pas. L’angoisse commence à monter. Quelque chose ne tourne pas rond chez les Snout. Le lendemain matin, à la gendarmerie, le lieutenant ne semble pas inquiet. Hervé finira par rentrer chez lui et reprendre son travail. On a bien le droit de disparaître.

J’ai demandé ce service presse parce que j’étais très curieuse de découvrir ce roman à la couverture originale (je parle du broché, pas du poche que j’ai reçu) et de relire cet auteur dont j’avais apprécié Dernier désir il y a une vingtaine d’années.

Pour être tout à fait honnête, si j’avais su que La disparition d’Hervé Snout se déroulait, entre autres, au sein d’un abattoir et abordait sans filtre – et avec force détails ‒ la réalité et la cruauté des pratiques de l’élevage et de l’abattage, je me serais abstenue, parce que j’ai dû zapper de nombreux paragraphes beaucoup trop violents et explicites. Non pas que je préfère me mettre des œillères à ce sujet (quoique…), mais parce que j’ai la ferme intention de devenir végétarienne, en raison justement de ces pratiques qui sont dénoncées de plus en plus souvent. Pour cela, j’ai déjà beaucoup diminué ma consommation de viande, et même éradiqué certaines bêtes de mon alimentation. Le côté positif de cette lecture, c’est que cela m’a remotivée pour persévérer dans mon désir de changement. Peut-être devrions-nous tous regarder une vidéo tournée dans un abattoir avant de continuer ‒ en pleine conscience ‒ de nous nourrir de viande. Tout ça pour dire que, sans jamais émettre un quelconque jugement ni même donner son avis, Olivier Bordaçarre nous a servi là un puissant réquisitoire contre la maltraitance envers le bétail.

D’autres thèmes sont également abordés dans cette histoire, bien sûr, dans le désordre : le racisme, les violences intrafamiliales, l’homosexualité, la routine et la mort du couple, le mal-être qui règne dans la police et la bêtise crasse de certaines personnes « primaires », pour ne citer qu’eux.

C’est aussi un roman noir très psychologique. On est en permanence dans la tête de l’un des protagonistes ‒ la femme, la fille ou le fils d’Hervé Snout ‒ et on suit tour à tour cette disparition et ses conséquences sur sa famille par le prisme du regard de chacun d’entre eux.

Un roman très atypique également par sa forme, puisqu’il ne contient aucun dialogue réel : ceux-ci sont insérés dans la narration, ce qui donne un texte régulièrement rédigé en langage parlé et parfois même sans beaucoup de ponctuation. Bien qu’un peu déstabilisée au départ, je reconnais que je m’y suis habituée et que cela donne au roman un côté un peu étrange, mais très vivant.

Une lecture marquante, in fine, avec des sujets fort et actuels qui ne peuvent laisser indifférent, et pour laquelle je remercie les éditions Folio.

La disparition d’Hervé Snout, Olivier Bordaçarre, Folio policier, poche à 9,50€

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