Winston Smith a trente-neuf ans et travaille pour le Parti, au ministère de la Vérité. Ses tâches ? Réécrire les archives pour que le passé corresponde à la version dictée par le gouvernement. Winston est doué, mais sa conscience commence lentement à lui peser. Il a de plus en plus de mal à croire aux mensonges du monde qui l’entoure, et il décide de se rebeller. D’abord, il se met à écrire un journal, puis il se rapproche de Julia. Mais la police de la Pensée est toujours plus près qu’il n’y paraît, et la surveillance plus étroite.
J’ai (re)lu 1984 dans le cadre d’un défi du mois sur un groupe de lecture, dont le thème était « lire un grand classique ». J’étais aussi très curieuse de refaire connaissance, quelque quarante ans après la première fois, avec ce petit chef-d’œuvre qui m’avait déjà fait froid dans le dos à l’époque ‒ alors que je n’étais qu’une jeune fille encore naïve, innocente et pleine d’optimisme.
Avant tout, je tiens à préciser trois choses qui m’ont beaucoup déçue : primo, c’est une version abrégée, ce dont je ne me suis pas rendu compte avant la fin ; secundo, la nouvelle traduction a abandonné le nom qu’on connaît pourtant tous ‒ Big Brother ‒ au profit de « Tonton », ce qui selon moi ne rime à rien ; tertio, la correction est tout bonnement affligeante, le texte est plein de répétitions et de fautes plus grosses les unes que les autres. Je vous conseille donc de ne pas porter votre choix sur cette version.
Pour le reste, c’est-à-dire le roman en lui-même, on peut dire qu’il n’a pas beaucoup vieilli. L’auteur était tellement visionnaire que la force de son discours comme de ses descriptions est toujours aussi percutante. Son évocation d’un État totalitaire omniprésent, omniscient et liberticide, grâce à la manipulation par l’image, la propagande, la peur et l’ignorance, est tout simplement glaçante. Par ailleurs, le récit des moyens employés pour instaurer la dictature et la faire perdurer l’est tout autant : les minutes de haine, les arrestations arbitraires, les moyens de pression et les menaces, les tortures et les pendaisons publiques font bien évidemment régner la terreur. Mais il existe d’autres moyens plus insidieux, notamment la réécriture de l’histoire ‒ ce qui fait irrémédiablement penser à la cancel culture à laquelle on fait face à l’heure actuelle ‒ et l’instauration de la novlangue. Celle-ci a pour but d’éradiquer les termes « dissidents » et d’en créer de nouveaux, mais aussi d’appauvrir le vocabulaire, tout cela afin de limiter la liberté de pensée et de rendre impossible toute critique à l’encontre de l’État. Un système où même la pensée devient criminelle et où la police des pensées fait des ravages.
Je pourrais continuer encore longtemps, mais je vais m’arrêter là et me contenter d’exhorter ceux qui n’ont jamais lu cette dystopie magistrale et édifiante à la découvrir sans plus tarder.
1984, George Orwell, Le Livre de Poche, 6,90 €