Corvette, de Jérôme de Verdière

En rentrant de son footing, Jacques Bios, soixante ans, est assailli de crampes. Il découvre alors qu’il est atteint d’une maladie dégénérative : il ne lui reste que quelques années à vivre. À la stupeur générale, Jacques choisit de recourir au suicide assisté. Il fixe lui-même l’échéance : il sera mort dans trois mois. Mais au lieu de consacrer ce temps à ses proches, il laisse derrière lui sa famille, sa banlieue cossue et sa vie bien rangée. Il prend la tangente. Direction l’Écosse, puis Saint-Tropez et les palaces de Monaco. Quand il se décide enfin à rentrer, nouveau coup de théâtre…

Belge et donc autorisée à demander l’euthanasie, assistant à ces combats de garde et arrière-garde sur les réseaux, combats qui agitent en France autant les particuliers que les médecins, j’avais envie de voir comment on pouvait traiter d’un sujet alors qu’il n’est « ni encadré ni légal ».

Un roman, c’est une fiction, un contrat entre l’auteur et le lecteur qui sait qu’il a affaire à une histoire « non réelle », imaginée. Mais je veux quand même préciser que l’euthanasie dans ce cas serait – en tout cas dans les pays acceptant actuellement l’euthanasie ­ – impossible. Jacques, le héros, meurt paralysé, des orteils à la tête, donc incapable de confirmer sa demande d’euthanasie, et de fait, légalement ici, non autorisé à cet acte.

Ce qui rend la fin du roman malaisante, en tout cas pour moi.

Sur la forme, l’écriture est tranchante, percutante. Pas de longues phrases, comme ces secondes de vie qui s’échappent. Parfois même un seul mot entre deux points. De ce fait, on avance très vite dans la lecture, cela vous emporte un peu comme un fleuve en crue.

J’ai apprécié cette lecture, même si elle m’a mise mal à l’aise. Cette fuite en avant d’un homme qui aimerait que le temps n’avance pas, les paradoxes entre l’envie de vivre et le désir de ne pas vivre « comme cela »…

Attention ce livre n’est un plaidoyer pour rien du tout, même si on peut tous penser à ce que l’on ferait si on était mis face à ce dilemme. Finalement est-ce la mort qui nous fait peur ou l’idée de souffrir et de dépendre des autres ?

Amusant, le titre est aussi le mot principal du dernier paragraphe, mais comment, je vous le laisse découvrir à la lecture.

Corvette de Jérôme de Verdière, Le Cherche Midi, octobre 2025, 19,50€

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