Réalisateur et scénariste de génie, Pedro Almodovar laisse parler ici sa plume dans une douzaine de récits, entre fiction et réalité, entre souvenirs personnels émouvants, comme celui qui donne son titre à l’ouvrage et qui parle de sa mère, et récit vampirique ou chevaleresque. Chaque fois, on perçoit une ébauche de ce qui aurait pu devenir le scénario d’un nouveau film. On y retrouve ce mélange de poésie et d’humour confinant à l’absurde qui fait la caractéristique de nombre de ses longs métrages. Ses thèmes de prédilection sont présents, le côté kitch, gay, flamboyant, mais aussi une mise en abîme et une certaine satyre de la religion. Chaque protagoniste de ce livre est comme un personnage joué par un acteur, avec une sorte de sincérité spontanée, et le lecteur s’imagine sans peine découvrir au fil des pages la silhouette de Carmen Maura, Penelope Cruz, Marisa Paredes, Victoria Abril ou Antonio Banderas.
Dans son introduction, Pedro Almodovar explique avoir toujours refusé d’écrire son autobiographie, voire de la faire écrire par un autre. La dernière nouvelle, qui s’intitule Un mauvais roman, parle de l’envie justement de l’auteur dans écrire une. Et si finalement, ce dernier rêve était un condensé entre biographie morcelée et roman qui n’en est pas tout à fait un ? En tout cas, qu’il se rassure (ou se console), il est très loin d’être mauvais !
Je remercie les éditions J’ai Lu pour leur confiance.
Pedro Almodovar – Le dernier rêve – traduction d’Aline Plantagenet – Editions J’ai Lu – Juillet 2025 – 8,40€ – ISBN 978-2-290-42290-8